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PARIS / DEAUVILLE

 

 La guerre est finie. Evreux se reconstruit, rue après rue, avec l’aide de la ville de Grenoble entre-autres.

Puis, les années soixante-dix et le programme de décentralisation (1), Evreux devient une ville industrielle majeure, aux portes de la capitale. On y fabrique tout ce qui fait les délices des 30 glorieuses, et qui est parti ailleurs depuis : des pneumatiques, des carburateurs, des postes de télévision, des circuits imprimés, des livres, des étoffes. On y façonne le métal à Navarre, le caoutchouc à Saint Léger et le textile à Gravigny !

 

N’a-t’on plus besoin de ces choses-là aujourd’hui ? Assurément si, mais il parait que fabriquer en France n’est plus compétitif … On peut se demander : compétitif pour qui ? Celui qui vend (et qui décide d' importer ) ou celui qui achète de toutes façons (le consommateur) ? Question ouverte !

 

Pendant ces années 45/75, Evreux travaille d’arrache-pied et ne se pose pas ce genre de question. Au moins en semaine … Car le week-end venu la ville est paralysée par un long cordon d’embouteillages qui va de la prison à la côte de Cambolle. En regardant vers Paris le Vendredi soir il est jaune-phares, et le Dimanche soir il est rouge-stops.

 

Ce sont les parisiens qui découvrent les délices du week-end à Deauville et pour lesquels

Evreux est un passage obligé où ils s’agglutinent dans la bonne humeur. C’est devenu une distraction pour les ébroïciens d’aller s’accouder sur la passerelle pour voir les belles voitures de l’époque, les jolies filles aujourd’hui grand’mères, et respirer les gaz d’échappement à pleins poumons.

 

C’est à cette époque que le besoin de la voie rapide sud ouest s’est inscrit dans l’imaginaire collectif des Ebroïciens . D’autant plus qu’il n’y avait pas encore d’écolos pour râler et alerter sur les risques environnementaux (pollution des nappes, nuisances sonores).

 

Mais, mine de rien et en silence, elle se fait cette déviation ! Tronçon après tronçon, l’autoroute de l’Ouest trace son chemin en laissant Rouen à sa droite et Evreux à sa gauche. Et un beau jour plus aucun parisien se rendant à Deauville ne passe par Evreux.

 

Pour les parisiens, la déviation existe depuis les années 70 : c'est l'autoroute A13 ! …

Alors, pour qui veut-on en faire une seconde en 2016 ?

Pour les Pacéens allant faire leurs dévotions à Lisieux ?

 

De ces années 60/70 il ne reste plus aujourd’hui que les multiples enseignes  Paris/Deauville » qui jalonnent la ville et la13.

 

Et les commerces invendables …. Séquence nostalgie ...

 

Et sur la route les camions qui vont à Caen et ne veulent pas payer le péage autoroutier …

 

Oui, mais en même temps que les voitures passaient ailleurs, les usines d’Evreux fermaient, les Zones Industrielles se transformaient en Zones d'Activité où on ne fait plus que transporter, stocker, distribuer les produits fabriqués ailleurs, par des populations exploitées et pour être achetés par une population appauvrie.

 

Cerise sur le gâteau, c’est avec près de 50 ans de retard que les engins de chantier éventrent la forêt pour ouvrir le tracé d’une quasi autoroute débouchant sur une voie départementale!...

Un zéro pointé pour le timing !

 

 

     1- Mise en place par Lionel Jospin d'une commission décentralisation présidée par Pierre Mauroy.

Elle aboutit à la loi constitutionnelle du 28 mars 2003, dite «acte II» de la décentralisation,

Pour bénéficier des avantages de la décentralisation la ville devait se trouver à plus de 100 km de Paris.

Evreux située à cette distance a gagné en entreprises mais les cadres continuaient d’habiter la capitale.

Et chaque semaine il se rendaient dans leur résidence secondaire de la côte et bocage normand.

Pour ces cadres, les bouchons d’Evreux étaient une vraie contrainte à l’époque.

 

 

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