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ROUTES DE JADIS AUTOUR D’EVREUX

 

 

L’Evrecin est l’une des Marches de la Normandie ancienne, au contact de l’Ile de France royale, longtemps pris et repris par l’un ou l’autre camp.

Donc, pas de route digne de ce nom reliant Paris à Evreux à cette époque, pas de pénétrante propice à l’invasion par les armées ennemies. D’ailleurs, pendant longtemps, l’axe Paris-Evreux est passé par Dreux, le tracé de l’ancienne voie romaine. 

C'est peut-être la raison pour laquelle les parisiens confondent souvent les deux villes.

 

Evreux n’était pas tourné vers Paris, mais vers Rouen, où l’on se rend en empruntant la fameuse route de Louviers, où il y avait un cantonnier... sur un air bien connu. 

Il faut attendre Louis XV, peut-être avant, pour voir se dessiner le superbe réseau des routes royales, nationales, impériales puis nationales à nouveau. Et Evreux se trouve relié à Paris par la N°13 qui chemine entre St Germain en Laye, la route de 40 sous, Mantes-la-Jolie, Rosny, Pacy-sur-Eure …

 

Ce fût le trajet de Joséphine de Beauharnais en mars 1810, renvoyée de la Malmaison par son époux et venue cultiver sa tristesse au château de Navarre : Mr Chambaudoin l’attendait à Chaufour et escortait les berlines de l’ex-impératrice par « la 13» jusqu’à Evreux où Mr de La Buffardière avait organisé les vivats. (1)

 

Fermez les yeux (mais continuez à lire !) et vous retrouverez les bruits d’attelages, les couleurs du printemps, les arbres de part et d’autre de la route …  Ah, les arbres ! Les yeux ouverts vous ne les verriez plus, car en son temps, Mme Buccio, préfète de l’Eure, a réussi à en faire abattre 452(2), en affirmant que ce massacre à la tronçonneuse n’avait aucun rapport avec le projet abandonné de mise en 2 x 2 voies de la 13 entre Chaufour et Evreux.  Projet vraiment abandonné ? (3)

 

Retour en 1810 !

 

Les berlines descendent, du Clos au Duc jusqu’aux premières maisons de la ville, sans passer sous le pont de chemin de fer qui, rappelons-le, à cette époque n’existait pas. Pas plus d’ailleurs que les maisons d’aujourd’hui !  Celles que Joséphine voyait en 1810 n’existent plus à part de très rares exceptions, crépies au goût d’hier et couvertes de neuf.

 

Non, de 1810  il ne reste plus grand-chose : les berlines sont parties en poussière, les maisons ont été reconstruites, le parc du château de Navarre est devenu un hippodrome, Buffardière une digue pour protéger la cathédrale et le centre ville des inondations, avant de devenir une voie de circulation et Chambaudoin un boulevard.

Les arbres … on en a parlé !

Mais il reste quelque chose de 1810 : la route !  Son tracé … D’où elle vient … Où elle va …

Car à cette époque, et pour longtemps encore, une route est là pour aller quelque part, pas encore pour éviter ce quelque part.

Une ville à cette époque, c’est un lieu de pouvoir et d’échanges, qui grandit grâce aux apports extérieurs. Pas question de dissuader le voyageur de s’arrêter, de faire qu’il passe au large !

 

Pas question non plus pour une route de traverser la forêt quand on peut faire autrement. Pour certains c’est un endroit sacré, pour d’autres un lieu dangereux.

 

Pas de déviation ? Pas de route qui coupe la forêt en deux ?  Les temps ont décidément bien changé !

 

1.Joséphine à Navarre de Jacques Hérissay Ed Ch. Hérissey

2. Paris-Normandie du 11/01/2010

3. Bruno Lemaire ressuscite et soutient ce projet dans la presse en 2016. Son électorat agricole risque de ne pas apprécier, la circulation des tracteurs n’étant plus possible sur les 2x2 voies.

 
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