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Des centenaires abattus en forêt d'Evreux
Le massacre a commencé ce lundi 3 novembre. Il est prévu pour durer 4 mois. Quatorze hectares de forêt mature sont condamnés à la destruction .
Pas moins de deux mille quatre cents m3 majoritairement des charmes et des chênes, dont certains plus que centenaires, seront abattus à la tronçonneuse depuis le parking de l'allée Berthe jusqu'en bas du chemin Potier.
Cette nouvelle tranche du chantier relatif au projet de la déviation sud ouest d' Evreux n'a pas reçu l'autorisation du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) .
En effet, le Préfet de l'Eure , conformément à la loi sur l'eau , a dû demander au CNPN l'autorisation de "destruction de spécimens, de nids et d'oeufs, perturbation intentionnelle , destruction,altération, dégradation de sites de reproduction ou d'aires de repos ", toutes ces actions concernent "toutes les espèces de mammifères, oiseaux,reptiles et amphibiens...".
La réponse du CNPN, en date du 13 février 2014, a été sans appel "avis défavorable" ainsi motivé :
les mesures compensatoires ne sont pas conformes à la Doctrine "Eviter-Réduiré-Compenser", en effet, celle-ci précise bien que les impacts résiduels sur la faune et ses habitants doivent être compensés par des habitats écologiquement équivalents. Or, un des principaux impacts de ce projet est la destruction de 20 hectares de forêts matures abritant des colonies de Chiroptères (*), dont probablement la plus importante colonie de Murin de Bechstein de France.En compensation de cette destruction est proposée la création de milieux ouverts à boisement clairsemé, qui ne permettront donc pas de maintenir ses populations de Chiroptères dans un état de conservation favorable."
Le CNPN confirmait par là l'un de nos principaux griefs, à savoir que le projet de tracé de la déviation était gravement destructeur de la biodiversité
de notre forêt, sans réel engagement de compensation écologique à l'echelle de la nuisance occasionnée.
Qu'à cela ne tienne, le Préfet de l'Eure a signé le 28 juillet dernier un nouvel Arrêté Préfectoral par lequel il s'autorisait lui-même à faire procéder aux
"destruction de spécimens, de nids et d'oeufs, perturbation intentionnelle, destruction,altération, dégradation de sites de reproduction ou d'aires de
repos ", malgré l'avis contraire d'un groupe d'experts animés de la volonté de faire respecter la loi.
C'est par ce moyen que l' abattage des arbres à pu commencer le 3 novembre, alors qu'un recours en justice a été déposé le 28 octobre .
Ainsi, la décision du déboisement de 14 hectares est un nouveau déni de justice qui consiste à créer un état de fait dans le but d'amener l'opinion
publique à considérer que la situation serait irréversible. C'est faux, puisque la justice n'a pas tranché et que l'arrêté préfectoral du 28 juillet est
particulièrement défaillant à prouver l'absence de solutions plus satisfaisantes.
Cette défaillance est tout simplement liée à l'absence d'études de solutions alternatives. Ce projet est ancien, et les décideurs successifs n'ont
pas su ou pas voulu le faire évoluer au fur et à mesure de l'évolution des besoins de la population, de l'apparition de nouvelles lois et de la récession
économique. Que cache un tel entêtement ?
(*) chiroptère = chauve-souris