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Abandon du doublement de la RN 13 entre Évreux et Chaufour-lès-Bonnières : impacts sur la déviation sud-ouest d'Evreux
Aujourd'hui, à l'heure où l'on parle :
de dérèglement climatique (les années 2015 à 2023 ont été les 9 années les plus chaudes jamais enregistrées sur la surface de la terre,),
de zéro artificialisation nette (ZAN),
de bilan carbone,
d'enjeux écologiques, d'appauvrissement de la biodiversité et de diminution des ressources naturelles…
Hier, l’état, est lui, passé en force en matière environnementale pour réaliser la déviation sud ouest d’Évreux, et ce, dès le début du projet.
La preuve ? Pour que la déviation soit autorisée, il aura fallu :
un arrêté de dérogation à la destruction d’espèces protégées et de leurs milieux (signé le 28 juillet 2014)
que le maître d'ouvrage revoie sa copie après la demande de l’Autorité environnementale le 2 décembre 2020, suite à la décision de la Cour administrative d’appel de Douai, d'annuler l’arrêté Loi sur l’eau, entraînant l'arrêt du chantier.
Nous concédons que le projet a fait l'objet d'une déclaration d'utilité publique (DUP) en 1999, prorogée de 5 ans en 2009, et d'une autorisation environnementale du 29 juillet 2021.
Mais, nous considérons, que les dommages causés à l'environnement sont tellement graves et durables, que le Maître d'Ouvrage pourrait être accusé d'écocide (1).
En effet :
passage en zone humide dans la vallée de l'Iton modifiant de façon irrémédiable le paysage,
passage en périmètre rapproché des captages d'eau potable existants de la ville d’Évreux et ses environs,
déboisement d'une partie du massif forestier de la Madeleine,
destruction de l'habitat d'espèces protégées,
mouvement de terrains gigantesque des demi échangeurs, modifiant, là aussi, le paysage,
… / ...
Le Maitre d'Ouvrage et les « pour le projet » veulent nous faire croire que la démarche
"éviter, réduire, compenser " (ERC), prévue au code de l'environnement,
comme pour tous les projets, permettra de compenser les dégâts !
Le Maitre d'Ouvrage a t-il pensé à « éviter » ou au pire « réduire »,
avant de chercher à « compenser » ?
Tellement d'incertitudes planent sur ce projet,
que le site de la Direction de l'Environnement indique :
« L’aspect environnemental de ce très grand projet est scruté de près par l’association Évreux Nature Environnement (à l’origine de l’annulation, en 2019, de l’arrêté autorisant les travaux).
À quelques encablures de l’Iton, dans un périmètre de protection rapprochée des captages et en zone humide, la moindre pollution n’est pas envisageable ».
Comme pour l'Autoroute A69, qui fait l'actualité en ce moment, Soizic Rochange, biologiste à l’université de Toulouse et membre du collectif de scientifiques Atécopol, fait remarquer : « Les dommages créés par les aménagements sont immédiats, pérennes voire irréversibles. Alors que la compensation aura un effet différé dans le temps, il faudra plusieurs décennies avant de rétablir un écosystème ». (2)
S'agissant de la déviation sud-ouest d’Évreux, le chantier va bon train,
la vallée est défigurée et les terres sont malmenées !
Le mal est fait, pourrait-on dire ? Pas complètement !
A défaut de les éviter, pourquoi ne pas essayer de limiter les dégâts ?
L'abandon par la région, du projet de doublement de la RN 13 entre Évreux et Chaufour-lès Bonnières confirme que l'objectif d'écouler le trafic de transit est-ouest en Normandie, n'était qu'un prétexte et que réaliser la déviation d’Évreux à 2x2 voies à 110km/h sur l'itinéraire de la RN13, de Chaufour les Bonnières à Caen, ne se justifie plus :
Pourquoi faire une 2x 2 voies, alors que les routes avant et après ne le sont pas !!
Puisque les seuls objectifs de la déviation sont maintenant,
« d'alléger le trafic interne sur les voies urbaines d’Évreux », avec un bénéfice attendu de
« meilleure desserte des zones d'activités et en cours de développement »(cf site de la DREAL) ?
Nous relevons d'ailleurs, à cet égard, une anomalie criante : l'absence totale, parmi les objectifs précités, de la desserte des trois hôpitaux principaux de la ville d’Évreux : le Centre Hospitalier de Cambolle, l’Hôpital Psychiatrique de Navarre et le centre de rééducation de la Musse.
En effet, les demi-échangeurs ne permettront pas de s'y rendre directement et de gagner du temps, notamment pour les services de secours et d'urgence ! Les bretelles d'accès sont orientées vers l'est de la ville et les hôpitaux sont situés à l'ouest !
Nous invitons la maîtrise d'ouvrage et notamment le service chargé de l'exploitation
en concertation avec l'autorité compétente en matière de la police de la circulation,
à profiter de ce changement de stratégie dans la politique routière
de la région Normandie, pour reconsidérer la circulation sur le nouvel axe routier (3).
Aussi, nous proposons des mesures permettant de limiter la pollution de l'air aux abords de la déviation.(Le trafic routier émet 1/3 des gaz à effet serre en France et est également une source importante de la pollution de l'air (oxydes d'azote, particules, ...)) :
pour un projet raisonnable : prévoir une largeur d'emprise à 2x1 voie et une vitesse autorisée à 90km/h (4),
pour un projet modulable : si les largeurs d'emprise étaient conservées pour une 2x2 voies, réserver la voie de droite aux transports en commun ou aux taxis ou encore au covoiturage (5),
Et pour un projet acceptable : créer des pistes cyclables reliant les pôles d'habitat aux pôles d'emploi, donnant à l'agglomération le caractère précurseur d'un projet ambitieux, le plan vélo sur le territoire (6).
Les outils réglementaires et les financements ne manquent pas pour la réalisation de ces objectifs.
1- N'oublions pas que la déviation sud-ouest est financée par l'EPN à hauteur de 7,4 % soit 8,5 M€. Cette somme pourra être affectée, dans la même enveloppe, à la réalisation des objectifs de développement de modes de déplacement alternatifs à l’automobile.
2- Les études du projet de la RN 13, étaient elles, financées par l'EPN à hauteur de 240 00€ sur 4 ans. Cette somme pourra être affectée à des opérations de sécurité routière sur l'itinéraire Évreux - Chaufour- lès-Bonnières.
En tout état de cause, nous portons nos revendications
auprès du tribunal administratif
(1) Définition Larousse : grave atteinte portée à l'environnement, entraînant des dommages majeurs à un ou plusieurs écosystèmes, et pouvant aboutir à leur destruction.
(4) Voir : https://dtrf.cerema.fr/pdf/pj/Dtrf/0006/Dtrf-0006527/TO6527.pdf?openerPage=notice
(5) Voir : https://www.ecologie.gouv.fr/voies-reservees
(6) Voir : https://www.bl-evolution.com/publication/les-impacts-environnementaux-dun-amenagement-cyclable/
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