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Sous le prétexte de créer des emplois, les décideurs et les bétonneurs continuent leur triste travail de destruction de notre cadre de vie et de tout l'écosystème

Au sud d'EVREUX, l'Agglomération "Evreux Portes de Normandie" (EPN) veut terminer la réalisation d'une ZAC sur le lieu dit "Le Long Buisson". Ce projet artificialisera les dernières parcelles agricoles d'une superficie de 60 hectares sur la commune de GUICHAINVILLE…

 

Seulement cet endroit abrite des espèces d'oiseaux protégées nicheuses ou de passage peu communes…. Alors qu'il reste sur les précédentes zones du Long Buisson des terrains non encore attribués…. Récit du dernier coup de grâce à la biodiversité sur les bords de la plaine de Saint André de l'Eure…

 

Evreux serait-il, bientôt la plaque tournante de la logistique, du transport et du B to B entre entreprises ?….

 

Tel est le rêve des décideurs, soutenus par la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Evreux et de groupes spécialisé dans la construction de bâtiments industriels et d'usines.

 

Tout en s'affranchissant des procédures de concertation avec la population, des études approfondies sur l'état initial de l'environnement, des règles européennes et nationales sur la protection de l’avifaune, sur les mesures d'évitement et de compensation à la hauteur des destructions engendrées….

 

En 2000, la première partie de la ZAC du Long Buisson est inaugurée sur 96 hectares.

 

En 2003, la deuxième partie de cette ZAC est créée sur 41 hectares, avec semble-t-il des promesses d'emplois à la clé…

 

Or, aujourd'hui, la ZAC n°II n'est pas entièrement remplie par les entreprises tant attendues et des friches s'installent entre les hangars.

 

En 2012, deux grandes entreprises s'installent sur un total de 17 hectares sur une partie de la ZAC déjà réalisée.

 

Résultats :

⮚expulsion d'un couple d'oedicnème criard, oiseau inscrit à l'Annexe I de la Directive Européenne sur la conservation des oiseaux sauvages et donc protégée au niveau européen et national

⮚expulsion d'un couple de vanneaux huppés avec poussins, espèce nicheuse rare en France

⮚suppression des haltes migratoires des traquets motteux, migrateur assez rare en Normandie.

 

En plus, fin 2018, le centre commercial voisin inaugure l'extension de sa zone commerciale sur près de 10 hectares pour accueillir 70 nouvelles enseignes.

 

En 6 ans, près de 30 hectares de zones de prairies naturelles et de friches spontanées semi-sèches disparaissent sous le bitume.

 

Mais c'est le lot habituel de toutes les ZAC, non ?

 

Peut être, mais heureusement, les écosystèmes sont ainsi, sur ces terrains (en attente d'aménagement) est revenue une végétation spontanée, soustraite à l'agriculture conventionnelle à base d'herbicides, fongicides, insecticides, labours destructeurs de la faune du sous-sol et d'engrais azotés.

 

Le retour de la végétation spontanée attire les insectes et fournit de la nourriture pour les oiseaux de plaine. Or, la plaine de Saint André de l'Eure est paradoxalement la région la moins arrosée par la pluie en Normandie.

 

Ces conditions attirent les oiseaux dits "thermophiles" (oedicnème criard, cochevis huppé , bruant zizi, traquet motteux …). L'oedicnème était très présent dans cette plaine avant les années 80; le cochevis comptait 8 couples en 2000, un seul individu aujourd'hui; le pipit comptait entre 5 et 7 couples avant 2018, 2 à 3 maintenant au maximum.

 

Sur la zone "agricole" survivante derrière le hameau de Melleville, le site reste attrayant pour les oiseaux :

⬥granivores vulnérables (linotte mélodieuse, chardonneret, verdier…),

⬥oiseaux des milieux secs (tarier pâtre, fauvette grisette, traquet motteux…),

⬥hivernants rares (bruant des roseaux, grande aigrette…)

⬥migrateurs peu communs (merle à plastron, mouette mélanocéphale, cigogne en 2012

⬥oiseaux inscrits à l'Annexe I de la Directive Européenne sur la conservation des oiseaux sauvages (piegrièche écorcheur et busard Saint Martin).

 

EPN, le commissaire enquêteur et les services de la Préfecture martèlent pourtant que cette zone d'agriculture intensive ne présente qu'un faible intérêt écologique, en totale déconnexion avec la réalité.

 

Si 2.000 emplois sont avancés par l'Agglo dans la future ZAC n°3, il reste dans la ZAC précédente n°2 des terrains en friche non attribués.

 

Ces 60 hectares encore non aménagés et convoités derrière le hameau de Melleville pourraient être reconvertis en zone d'exploitation maraichère gérée selon les principes de la permaculture, en fournissant des aliments de qualité aux habitants. Ce sont les propositions du Collectif Vigilance Portes de Normandie pour offrir une alternative durable et écologique à ce projet démesuré.

 

Sinon, si ce projet de ZAC est mené à son terme, les espèces de cette plaine sèche vont définitivement disparaître et l'entrée de l'Agglomération d'Evreux finira par ressembler à toutes les entrées de ville du pays.

 

Le collectif «Vigilance Citoyenne des Portes de Normandie »

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